Portrait d’une paresseuse

Portrait d’une paresseuse

In an exercise of ironic self-awareness, Chantal Akerman tries to cope with her tendency to procrastination and laziness by making a film about laziness itself. This piece, moreover, is part of a collective project in which seven women make a short film about each of the deadly sins. While her lover Sonia is at work, filmmaker Chantal Akerman begins to fall into her usual procrastination, which she will try to reverse by making a film about procrastination itself.

FR

Todd Haynes: [...] Dans le film collectif sur les sept péchés capitaux, Chantal Akerman a réalisé La paresse. Dans ses films, j'adore les plans de rue, les extérieurs, le même genre de plan nettement et symétriquement frontal qui rappelle celui de Jeanne Dielman dans sa cai sine. La paresse montre deux femmes qu vivent ensemble; l'une des deux est coucher dans son lit, sans jamais en sortir, et elle es censée prendre des médicaments, tandis que sa petite amie est déjà debout, elle joue de violoncelle dans la pièce à côté, si bien qu'on entend toute cette magnifique musique clas sique, et l'on passe de la femme qui ne peu pas sortir de son lit à celle qui joue du violoncelle. La scène se termine sur un plan de la femme qui est censée sortir de son lit. Est-ce que finalement elle va réussir à sortir jus qu'aux escaliers du hall d'entrée? Alors ce coupe sur un de ces magnifiques plans d'exté rieurs que fait Chantal Akerman, un plan de la façade de l'immeuble. On fait des suppos tions. Et ça marche. On croirait ce superbe moment vide qui dure. Ce n'est que plus d'une heure après être sorti du film que ja éclaté de rire. En comprenant la blague. Ce plan disait que non, elle n'avait jamais réussi a sortir de chez elle. Chantal Akerman joue avec nos attentes de spectateur, et elle le fait aver un humour très subtil.

Gus Van Sant: La paresse se termine comme ça ?

Todd Haynes: Oui, sur un plan de rue, et puis fondu au noir.”1

  • 1Todd Haynes, Gus Van Sant, "Jeanne Dielman, 23 Quai du Commerce, 1080 Bruxelles. Dialogue entre Todd Haynes et Gus Van Sant", dans Chantal Akerman: Autoportrait en cinéaste (Paris: Éditions du Centre Georges Pompidou/Éditions Cahiers du cinéma, 2004), 180.
FILM PAGE

index