“It makes me sound old-fashioned, but I think I am an anarchist.”
Jacques Tati
“In a normal world, one would go out and walk into just any theater to see a film by Jacques Tati. Or Chaplin.”
Pedro Costa
“Mr. Hulot is off for a week by the sea. Take a seat behind his camera, and you can spend it with him. Don’t look for a plot, for a holiday is meant purely for fun, and if you look for it, you will find more fun in ordinary life than in fiction.”
Opening titles of Les vacances de Monsieur Hulot
“Tati’s work is all about the gears – how they turn, how they interlock. At once a minimalist and a ringmaster of spectacle, he constructs elaborate visual contraptions – successions of gags, linked by theme rather than story – which illustrate the mechanisms behind our modern world. Hulot (like Tati, and like the audience) exists both inside and outside the machine, a gentle and melancholy sentry, taking notice and taking part, commenting and living; a clockmaker making clocks with transparent faces. He wants us to see the gears and appreciate their scale and precision – and realize how their very existence turns us into gears, too.”
Matt Zoller Seitz1
“It has sometimes been mistakenly said that [Monsieur Hulot’s Holiday’s] soundtrack is made up of a kind of magma of sound on which snatches of sentences float, some of whose words are distinct while just as many others are nonsensical. This is nothing more than the impression of an inattentive ear. In fact, the film’s soundtrack is rarely indistinct, except for the loudspeakers on the train platform – but then this gag is realistic. On the contrary, all of Tati’s artfulness consists in destroying clarity with clarity. The dialogues are not at all incomprehensible; rather, they are insignificant, and their insignificance is revealed by this very clarity. Tati achieves this by deforming the intensity of the various levels of sound, sometimes going so far as to maintain the sound of an offscreen action over a scene shot silent. For the most part, his sound decor is made up of realistic elements: bits of conversations, cries, various kinds of remarks. None, however, is strictly located in a dramatic situation. In relation to this background noise, sudden noises take on an entirely false prominence.”
André Bazin2
« Ce que j’ai essayé de faire depuis le début, c’est de donner au personnage comique plus de vérité. Il y a eu, si vous voulez, une école du film comique où le personnage arrivait avec une étiquette en disant : « Vous allez voir, je suis le petit rigolo de la soirée, je peux faire énormément de choses, je sais jongler, je sais danser, je joue très bien la comédie, je suis un très bon mime, je trouve des gags ». C’était l’ancienne école du cirque, ou du music-hall, ce qui revient au même. Ce que j’ai essayé, pour ma part, c’est de prouver et faire voir que, dans le fond, tout le monde était amusant. Il n’est pas besoin d’être un comique pour faire un gag. Il n’est pas besoin d’être un grand personnage comique pour qu’il vous arrive une situation comique. [...] Je prends le cas d’un gag que vous avez vu dans Les vacances de monsieur Hulot. M. Hulot arrive au cimetière. Il a besoin de faire repartir sa voiture, cherche une manivelle dans le coffre arrière, en cherchant sa manivelle sort un pneu, ce pneu tombe par terre, les feuilles viennent se coller sur le pneu, le pneu est transformé en couronne, et, cette couronne, l’ordonnateur des pompes funèbres croit que M. Hulot est venu l’apporter. Vous me direz là : « Hulot n’a pas trouvé de gag ». C’est exact, il n’en a pas trouvé. Il a fait ce qui aurait pu arriver à un monsieur un peu étourdi, sans avoir l’invention comique. L’invention comique vient du scénariste ou de la situation, mais ce qui est arrivé à Hulot pouvait arriver à énormément de gens. Il y a beaucoup d’Hulots dans le fond, dans la vie. Il n’a rien inventé. Dans le cas de Chaplin, si Chaplin avait trouvé le gag suffisamment bon pour le mettre dans son film – ce dont je ne suis pas certain – il aurait fait la même entrée qu’Hulot, mais, voyant que la situation est catastrophique (il y a un service religieux et sa voiture gêne ce service), se trouvant, en ouvrant son coffre, avec une chambre à air, il aurait, pour le spectateur, collé lui-même les feuilles sur la chambre, transformé la chambre en couronne et elle aurait été acceptée de la même façon par le garçon qui s’occupait du service. Et là, les spectateurs auraient trouvé le personnage merveilleux parce que, au moment même où personne n’aurait su rien imaginer pour le sortir de cette situation, il aurait inventé, sur l’écran, pour les spectateurs, un gag. Et c’est ce gag qui aurait décroché le rire et aurait fait dire, en plus : « Il a été formidable ». On ne peut pas dire ça d’Hulot, il n’a pas été formidable, puisque ça aurait pu arriver à vous, à tout le monde ; on fouille dans une voiture, il tombe quelque chose, on le ramasse, c’est normal. C’est là où on sent vraiment qu’il y a deux écoles tout à fait différentes, tout à fait opposées, car Hulot n’invente jamais rien. »
Jacques Tati dans un entretien avec François Truffaut et André Bazin3
Lees hier de vertaling van “Jacques Tati, Historian” van Kristin Ross op Sabzian.
- 1Matt Zoller Seitz, “Mon oncle,” Criterion Current, 5 January 2004.
- 2André Bazin in: Jonathan Rosenbaum, “Jacques Tati: Composing in Sound and Image,” www.jonathanrosenbaum.net[/fn]
“Ik had het ongeluk een modern kind en mijn tijd vooruit te zijn. Ik ben opgegroeid in een strenge en grijze kubus, zoals die huizen van tegenwoordig. Ik heb gewandeld, braaf, bedachtzaam, op de paadjes van een stadstuin... Ik vrees dat vandaag de dag dit decor van mijn jeugd banaal en zelfs ouderwets zal lijken. Maar ik geloof dat wij toen onze tijd vooruit waren. Thans zijn ze verdwenen, die vreemde, zonderlinge huizen die ik kende. Zij kenmerkten reeds door hun zeldzaamheid die rustige oase, waar ik soms voor korte tijd heen ging. Ze verdrongen zich rond een pleintje, versierd met alles wat de mensen er in de loop van de jaren aan hadden toegevoegd: een balkon, luiken, een bloem. Met al hun oude, verweerde krachten boden ze weerstand aan de vooruitgang.”
Jacques Tati
Jacques Tati, in Tati, Ann Meskens, Lemniscaat Rotterdam, 2005). - 3Cahiers du cinéma n°83, mai 1958