Zazie dans le métro

Zazie dans le métro

With her mother away for the weekend, a brash and precocious ten-year-old country girl sets out to explore Paris during a Métro strike under her uncle's not-so-watchful eye. But can a little girl cause so much chaos in the city centre? Zazie dans le métro (1960) is a sizzling snapshot of France in a new age of accelerated modernity, and a prescient look at an emerging young generation.

EN

Dan Yakir: This is what Zazie finds out: everything is deceptive and corrupt.

Louis Malle: Zazie is in many ways a perfect archetype, because it was almost classical in its structure: a little girl coming to the big city, Paris, from the country, for 36 hours and then she goes back. And what happens to her is discovering that not only the world of adults but also modern civilization, the Big City... she discovers that everybody is lying, everybody is pretending – they're not what they seem to be. It's part of the game, in comedy, to have people change physical appearances. Zazie exposed exactly what I've been trying to do since, but it's very much in the open because in the book it was like that – this man, Gabriel, was changing identity every two reels, appearing in a different costume... His wife was a woman who was also a man, and everybody was upside down. I even managed to shoot scenes where in the same dolly shot we would change objects: a chair was red and the next time the camera passed by it, it was blue. I made it obvious in a very aggressive way that we live in a world which, we pretend, is one, but instead is multiple and changing and we try to deal with that contradiction.
If you're a child, you want the Truth. And we know – and that's the knowledge that takes years to accept – that there's no such thing. It's a matter of consensus: an accepted truth in one society will not be accepted in another. I'm very sensitive to this aspect of living. There's always a moment when you find out that your parents are lying to you – and they all do, even if they try not to. It's the main shock that starts you off.

Dan Yakir in conversation with Louis Malle1

  • 1Dan Yakir, “Louis Malle: An Interview from ‘The Lovers to Pretty Baby.’” Film Quarterly 31, no. 4 (1978): 2–10.

FR

« En adaptant Zazie dans le métro, Jean-Paul Rappeneau et moi avons tenté de trouver des équivalences pour arriver à la même critique interne de l'écriture cinématographique. Le cinéma est à un carrefour très important, et l'on a découvert qu'il était possible, nécessaire, de libérer un film de ses entraves, d'en modifier l'écriture, les rapports du temps et de la durée, pour que la réalité n'apparaisse pas sous son aspect linéaire et monolithique. Ainsi, dès l'origine, nous nous sommes attachés à des recherches formelles, mais aperçus peu à peu que désintégrer le langage cinématographique traditionnel n'était pas seulement un exercice de style, mais le moyen le plus efficace de décrire, de parodier un monde lui-même désintégré et chaotique. La vision elliptique, déformée, de ce monde absurde est peut-être dans son irréalisme plus proche de la réalité que la "tranche de vie", cette construction de l'esprit. »

Louis Malle, Yvonne Baby1

 

 

« A cet égard, le fonds Louis Malle abrite une étonnante correspondance entre le cinéaste et Michel Herveau, un jeune abbé de la région d'Angoulême. L'abbé y souligne cette simplicité de l'âme enfantine chère à Bernanos, qui en remontre à un monde adulte désaxé, orphelin du paradis perdu de l'enfance. Mais il met aussi le doigt sur les raisons de l'échec public du film : « C'est l'agressivité de Zazie et le fait qu'elle fasse la leçon aux adultes qui empêche cette leçon de passer. » Zazie a en effet choqué. Ce monde se déglingue ? Malle a voulu que la forme soit en accord avec le fond. Pour bien faire, il a cassé le jouet du septième art : ralentis, répliques accélérées, faux raccords, incohérences des personnages, gags burlesques à répétition... Malle viole le cinéma, ce qui bien sûr fait des dégâts. Les spectateurs ne demandaient qu'à voir une petite fille qui dit « Mon cul » : ils découvrent leur monde mis en pièces avec une énergie destructrice délirante, inquiétante. Sous des dehors drôles, burlesques, Zazie est un film sérieux, tragique. [...] « Un enfant commence avec un capital de pureté et de vérité qu'il effrite peu à peu et qu'il a presque entièrement perdu quand il atteint l'âge d'homme », écrit-il à l'abbé Herveau. Plus tard, en 1987, après avoir tourné Au revoir les enfants, il comprendra enfin pourquoi Zazie l'avait attiré. Ce n'était pas juste un « exercice de style » et de cinéma, pour trouver les acrobaties visuelles et sonores, qui répondent à la dislocation du langage par Queneau. Ce vieillissement accéléré, Malle l'a connu en 1944 avec l'épisode qu'il a mis au cœur d'Au revoir les enfants : l'arrestation des enfants juifs sous ses yeux, dans son collège Sainte-Thérèse de l'Enfant Jésus d'Avon. A la fin de Zazie, sa mère, venue la récupérer à la gare, lui demande si elle s'est bien amusée durant son bref séjour parisien : « J'ai vieilli », répond simplement l'enfant. Une phrase que le cinéaste aurait pu prononcer à la fin de la guerre. « C'est la seule fois où Louis Malle m'a demandé d'être naturelle », se souvient Catherine Demongeot. « On a filmé ce plan plus tard, séparément. » Elle le joue avec d'autant plus de naturel que ces quelques mois de tournage l'ont effectivement vieillie : « J'avais manqué trois mois de CM2. Mais en découvrant le cinéma, j'avais gagné quelques années. »»

François-Guillaume Lorrain2

  • 1Propos recueillis par Yvonne Baby, "LOUIS MALLE PARLE DE SON FILM ZAZIE DANS LE METRO. "Il est difficile d'être un homme dans une ville occidentale en 1960"," Le Monde, 27 octobre 1960.
  • 2François-Guillaume Lorrain, "Zazie dans le Métro: Catherine Demongeot," dans Les enfants du cinéma. (Paris: Editions Grasset & Fasquelle, 2011), 71-72.
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