Soleil

Soleil

Pierre Clémenti’s Soleil presents a psychedelic meditation on his life and his detention in an Italian prison in 1972.

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« Ce dernier film est celui que je préfère... J’ai laissé ma plume au vestiaire le jour où les mots se sont envolés, le jour où les mots ont perdu leur sens. »

Pierre Clémenti

 

« Chant d’amour, chant de mort. Graffiti sur la chaux vive du Cœur. Soleil est né d’un spectacle théâtral. Il accompagna la mémoire visuelle d’un moribond qui durant trois jours de veillée funéraire revoit certains épisodes de sa vie. Après avoir joué plusieurs fois avec succès Chronique d’une mort retardée, j’ai trouvé dommage qu’une fois les représentations terminées ce film se retrouve à nouveau sans voix dans la corbeille à papier du magasin des accessoires. J’ai donc écrit un texte et demandé à mon ami John Livinggood de me composer une musique, ce qui fut fait. Ce dernier film est celui que je préfère, peut-être le plus abouti. J’ai laissé ma plume au vestiaire le jour où les mots se sont envolés, le jour où les mots ont perdu leur sens. Dès lors pour certains l’image l’a remplacée. J’ai toujours aimé avec passion le montage que ce soit sur mon Frigidaire ou dans la petite salle de montage que le musée d’Art moderne de Beaubourg avait mise à ma disposition. Quant à l’enregistrement des groupes de musique ainsi que lors du mixage, j’ai toujours eu la sensation que nous étions vraiment au cœur de la création. »

Pierre Clémenti1

 

« Il est arrivé un jour où j’ai senti qu'il fallait dépasser les mots du poème, que ces mots devaient prendre corps, devenir gestes, actes – et ce dépassement, ce fut pour moi le théâtre et le cinéma, la poésie de la vie. J’aime bien le cinéma, j’aime l’image qui est la trace de ce que tu as oublié, de cette part de toi que tu as perdue. Très vite, en un instant, tu redeviens le familier de ton passé. Je fus cet homme-là, qui court à travers l’écran. Et au moment même où tu joues, tu es déjà celui qui plus tard te verra. Je crois qu’un film est un lien, qui te rattache aux autres comme à toi-même, à ce que tu as été comme à ce que tu n’es pas, un lieu de rencontre entre frères qui ne se connaissent pas et dont le hasard d’une représentation mêle les destins à travers le temps et l'espace. »

Pierre Clémenti2

 

« On essaie toujours de te ramener dans le rang pour que tu aides à traire le public. Quand les gens me disent que j’ai raté ma carrière, ils ne savent pas ce que je suis en train de faire. Il faut savoir disparaître pour renaître ailleurs. J’apprends ma mort tous les mois. J’ai fait mon temps et je trouve ça normal. Je me fous d’être oublié, mais j’aime renaître de temps en temps, dans des choses qui en valent la peine. »

Pierre Clémenti3

  • 1Nicole Brenez & Christian Lebrat, Jeune, dure et pure ! (Paris: La Cinémathèque française, 2000).
  • 2Pierre Clémenti, Quelques messages personnels (Paris: Gallimard, 2005).
  • 3Pierre Clémenti, “Pierre Clémenti – La Voie lactée,” Les Inrockuptibles, 18 March 1998
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